Fin de l’été 2015, tout partait d’un bon sentiment : Angela Merkel s’apitoie sur le sort des réfugiés qui affluent aux frontières européennes, des images insupportables tournent en boucle, et, contrairement à ses habitudes empreintes de pragmatisme, elle décide en solo de faire de l’Allemagne une terre d’accueil et des Allemand(e)s un peuple dévoué inconditionnellement à la cause des réfugiés, sans se douter qu’elle déclenchera une avalanche migratoire, l’empathie ayant déjà étouffé la raison. 4 mois plus tard, elle n’a toujours pas renoué avec la raison, à la différence près que le cri du coeur s’est tu. Les attentats du 13 novembre à Paris puis les agressions sexuelles du nouvel an à Cologne
(et malheureusement aussi ailleurs) ont changé la donne pour un grand nombre d’Allemands, faisant place au scepticisme.
L’admiration que son geste humanitaire a suscité en 2015 s’est transformée en incrédulité: Angela Merkel laisse entrer le loup dans la bergerie. Croit-elle vraiment en ce qu’elle a dit et continue de répéter – ‘Wir schaffen das’ (‘nous y arriverons’)? Les faits tiennent un autre langage: la police est dépassée, les communes débordées, les citoyens inquiets, son gouvernement divisé et l’ordre social menacé – mais pas un geste d’apaisement de sa part tandis que les mouvements populistes prennent de l’ampleur et que les délits dans les foyers de migrants se multiplient. Est-elle passée de l’empathie à la folie des grandeurs en s’érigeant en conscience morale, refusant d’admettre qu’elle met non seulement la population allemande en danger mais aussi l’Europe? Pense-t’elle sérieusement que la solution européenne (l’application des quotas controversés de répartition) viendra parce qu’elle en a décidé ainsi, parce que le moteur économique d’une Europe divisée se veut moralisateur et rassembleur ? La morale et la politique ne font pas bon ménage, encore moins lorsque la morale bien-pensante vient perturber l’ordre social national et l’équilibre européen. Alors il serait temps d’admettre que cette politique migratoire improvisée risque de porter un coup fatal à l’Allemagne.
Le contribuable allemand acceptera-t’il de payer la facture? Les réfugiés et les migrants (entretemps le cercle s’est élargi) auront-ils la volonté de s’intégrer et d’adhérer à des valeurs diamétralement opposées aux leurs? Autant d’incertitudes qui ont fait d’un pays où il faisait bon vivre un pays marqué par la peur de l’avenir et un sentiment d’insécurité car, ne nous voilons pas la face, un flux migratoire de cette ampleur est une bombe à retardement, d’autant que les migrants ont des profils trop différents (victimes de la guerre mais aussi criminels de guerre, musulmans en quête d’une nouvelle vie mais aussi islamistes et terroristes potentiels, réfugiés économiques et délinquants itinérants, etc.) pour trouver une réponse universelle aux problèmes qui se posent. Face à ce défi, l’Allemagne est en position d’isolement en Europe, ses deux alliées, la Suède et l’Autriche, ayant réagi à la menace de déstabilisation sociétale en rectifiant le tir, pour ce qui est de la Suède d’une manière très conséquente.
Ce déni de la réalité met l’Allemagne en danger, avec des conséquences imprévisibles tant économiquement et politiquement que socialement sur un terrain fertile aux dérives extrémistes. Une correction n’est possible que si Angela Merkel accepte d’assumer ses erreurs et de quitter la scène politique avant que l’Allemagne ne devienne ingouvernable en raison de ses divisions profondes dont elle est responsable. La chancelière a failli à son mandat. Elle n’est pas la conscience de l’Allemagne et encore moins celle de l’Europe. Le sentimentalisme ne saurait occulter la raison. L’ère Merkel prend fin en nous laissant un terrain miné. Quel gâchis!
Cologne, 28/01/2016, I.T.T.
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